L'expérience de Milgram - Philosophie - Espace pédagogique académique

L’expérience de Milgram

, par Frédéric Blondeau - Format PDF Enregistrer au format PDF

  Introduction

Stanley Milgram (1933-1984) est un psychologue social célèbre pour son expérience sur l’obéissance, publiée en 1963 [1]. Dans cette expérience, le moniteur est chargé d’appuyer sur des manettes pour envoyer des décharges électriques de voltage croissant, sous la direction d’un expérimentateur, à un « élève » dans une autre pièce, lorsque celui-ci répond mal à des questions sollicitant la mémoire. Le moniteur qui envoie les (fausses) décharges croit que c’est l’effet de la punition sur la mémorisation du répondant qui est évalué. En réalité, c’est sa propre obéissance qui est testée par le scientifique, Stanley Milgram lui-même. Le répondant est un acteur et complice de l’expérimentateur, qui simule la douleur voire la mort avec des cris, des protestations puis un silence évocateur.

Un expérimentateur ordonne à un sujet d'infliger des chocs électriques à un apprenant.
L’expérience de Milgram
L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur.
Paulr, CC BY-SA 3.0

L’objectif de l’expérience est de « découvrir jusqu’à quel point un individu peut pousser la docilité dans une situation concrète et mesurable où il reçoit l’ordre d’infliger un châtiment de plus en plus sévère à une victime qui proteste énergiquement. À quel instant précis le sujet refusera-t-il d’obéir à l’expérimentateur ? » [2]

Cette expérience est intéressante pour les philosophes puisqu’elle interroge la liberté des êtres humains. Elle nous incite à nous demander : l’être humain est-il capable de s’opposer à des ordres dont l’exécution met en danger autrui ? Est-il capable de résister à une autorité qu’il considère comme légitime ? Le libre-arbitre est-il efficace contre la pression sociale qui s’exerce sur l’individu ?

  L’état agentique

Milgram semble répondre par la négative à ces questions, au moins statistiquement, puisqu’il affirme que 65% des individus testés sont allés jusqu’à administrer des voltages potentiellement mortels [3]. Ce résultat l’a profondément surpris, Milgram s’attendait à ce que le pourcentage soit très faible. Le psychologue écrit : « Ce qui se révèle surprenant, c’est de constater jusqu’où peut aller la soumission d’un individu ordinaire aux injonctions de l’expérimentateur. À vrai dire, les résultats de l’expérience sont à la fois inattendus et inquiétants. Même si l’on tient compte du fait que beaucoup de sujets éprouvent un stress considérable et que certains protestent auprès de l’expérimentateur, il n’en demeure pas moins qu’une proportion importante d’entre eux continue jusqu’au niveau de choc le plus élevé du stimulateur » [4].

Pour expliquer ce comportement docile, Milgram rejette l’hypothèse de la pulsion agressive, qu’on aurait pu invoquer à la suite de la théorie de Freud sur l’agressivité naturelle de l’être humain [5]. Il écrit : « Quelle que soit la raison qui pousse le sujet à administrer à la victime le choc le plus élevé, il faut la chercher ailleurs que dans la libération de ses pulsions agressives : seule peut l’expliquer la transformation de comportement qui intervient chez lui à la suite de l’obéissance aux ordres » [6].

Le concept que Milgram forge pour expliquer le comportement des moniteurs obéissants est celui d’« état agentique ». Cet état se met en place chez le sujet considéré à partir du contexte. Le professeur de psychologie sociale Nicolas Guéguen décrit les facteurs qui font varier le taux d’obéissance. Celui-ci est proportionnel à la proximité et à la légitimité de l’autorité qui donne les ordres. Dans l’expérience de Milgram, l’autorité est physiquement à côté du moniteur chargé d’envoyer les décharges, elle donne des ordres brefs et directement entendus (« Continuez, s’il vous plaît »). Sa légitimité vient de son statut de scientifique qui mène une expérimentation pour faire progresser le savoir. Nicolas Guéguen ajoute que si « la victime est faiblement identifiable » ou que « le sujet se retrouve simple exécutant dans un groupe docile », le taux d’obéissance augmente aussi. En résumé, plus l’autorité est considérée comme légitime par le sujet, plus elle est proche de lui, d’une part, et moins la victime est identifiable par le sujet, moins le sujet est isolé de la pression sociale, d’autre part, plus l’obéissance est forte [7].

L’état agentique serait donc l’état psychologique du sujet qui obéit docilement aux ordres d’une autorité considérée comme légitime. C’est un état, poursuit Guéguen, dans lequel le sujet nie son autonomie et sa responsabilité individuelle, sans s’en rendre compte. Au lieu de se considérer comme l’auteur de ses actes, « la personne ne se perçoit plus que comme l’agent exécutif d’une autorité ». En termes philosophiques, le sujet perdrait justement sa subjectivité, il ne serait plus qu’assujetti, sans moralité. Le sujet deviendrait illusoirement un outil, un instrument aveugle au service d’un être supérieur, et pourrait ainsi commettre les crimes les plus atroces, presque sans être conscient de le faire, et par conséquent sans sentiment de culpabilité.

  Milgram, Arendt et le totalitarisme

L’histoire personnelle de Milgram a été bouleversée par l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne. Ses parents d’origine juive ont fui l’Europe lors de la Seconde Guerre mondiale, de sorte que Milgram est né à New York et a échappé à l’Holocauste. Lorsque Milgram veut tester l’obéissance à l’autorité des individus, il le fait sur des sujets états-uniens qui sont censés être plus libres selon lui, et moins portés vers la dictature que les Allemands qui ont adhéré au nazisme. Mais son résultat semble indiquer que l’obéissance massive à l’autorité a quelque chose d’universel, qu’elle ne dépend pas de la nation considérée. C’est pourquoi Milgram ne se prive pas dans ses conclusions, de proposer son expérience sur l’obéissance comme un moyen d’expliquer ce qui s’est passé dans les dictatures totalitaires.

Étant donné que les élèves de Terminale étudient le totalitarisme dans le tronc commun d’histoire, et que Milgram lui-même tente d’utiliser les résultats de son expérience pour expliquer le comportement des individus dans un régime totalitaire, un rapprochement utile peut être fait en cours. Le procès de Nuremberg en 1945-1946 a posé le problème de l’obéissance totale et du libre-arbitre dans un régime totalitaire, puisque certains accusés se sont défendus devant les juges en affirmant qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres et n’étaient pas responsables des crimes qu’on leur imputait. Les juristes ont appelé cela la « défense fondée sur l’obéissance aux ordres des supérieurs » ou « défense de Nuremberg » et l’ont rejetée comme non recevable juridiquement parlant. Selon Milgram, le comportement de ses moniteurs converge avec celui des nazis qui n’auraient fait qu’obéir. Le procès d’Eichmann posera à son tour la question de l’obéissance totale et le livre que la philosophe Arendt a consacré à cette affaire a été et est toujours très discuté.

Milgram soutient explicitement les idées de Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem, ouvrage publié la même année que la fin de l’expérience de soumission à l’autorité, en 1963. Arendt, après avoir assisté au procès du nazi Adolf Eichmann, écrit que ce dernier constitue un cas d’obéissance aveugle. Eichmann se serait identifié à la loi du Fürher au point de se déposséder sa propre conscience et de son pouvoir de juger du bien et du mal. Pour la philosophe, Eichmann obéissait à une « déformation inconsciente » de l’impératif catégorique kantien, qui se formule ainsi : « Agis comme si le principe de tes actes était le même que celui du législateur ou des lois du pays » [8]. Elle rapproche cet impératif déformé de « l’impératif catégorique dans le IIIe Reich » [9], formulé clairement par le nazi Hans Frank : « Agis de telle manière que le Führer, s’il avait connaissance de ton action, l’approuverait ». Selon Arendt, il ne reste évidemment plus rien de l’esprit kantien dans ce nouvel impératif totalitaire, à l’exception du fait « qu’un homme doit faire plus qu’obéir à la loi, qu’il doit aller au-delà du simple impératif d’obéissance et identifier sa propre volonté au principe qui sous-tend la loi - la source d’où jaillit la loi » [10].

Déjà dans Les Origines du totalitarisme, Arendt avait soutenu que l’un des fondements du totalitarisme est l’obéissance absolue requise par le leader totalitaire de la part de ses adeptes. Elle interprète le mot d’ordre de Himmler pour les SS « Mon honneur est ma loyauté » (« Meine Ehre heisst Treue ») en disant qu’il indique « un dévouement et une obéissance absolue qui dépassent la signification de la simple discipline ou de la fidélité personnelle » [11]. Dans un régime totalitaire, il n’y a pas de distance entre le citoyen et l’autorité, c’est un rapport fusionnel, même s’il comporte des couches. C’est l’image de l’oignon avec le dictateur au centre, par opposition à l’autorité classique figurée par une pyramide. Les individus ont perdu tout intérêt pour leur propre vie et appartiennent à une masse qui obéit en bloc pour aller dans le prétendu sens de l’histoire, dans le cas du nazisme la suprématie raciale. Selon Arendt, l’obéissance à la loi, dans un régime parlementaire, n’est au contraire jamais absolue : il y a toujours une sorte de distance entre le citoyen et la loi, qui laisse ouverte la possibilité de la réflexion et par conséquent la possibilité de la désobéissance.

  I... comme Icare et Le Jeu de la mort

L’expérience de Milgram est ainsi très troublante et fournit un matériau de cours pertinent. Les élèves sont souvent interrogateurs, voire choqués par les résultats. L’expérience de Milgram peut constituer un complément à un cours de philosophie sur le totalitarisme, en lien avec la liberté, l’État ou encore « L’humain et ses limites » en cours de spécialité HLP de Terminale.

Nous disposons en français de deux mises en scène de l’expérience de Milgram sous format audiovisuel. La première est un film de fiction, I... comme Icare, réalisé par Henri Verneuil en 1979. On peut visionner l’extrait qui reproduit l’expérience et le montrer aux élèves. Il montre bien que c’est le scientifique qui est respecté comme tel par le moniteur, ce n’est pas la promesse d’une récompense qui le motive à électrocuter l’élève. De plus, il met également en place un conflit d’autorité entre deux expérimentateurs, ce qui met fin à l’obéissance. L’hypothèse amenée par cet extrait est que l’obéissance aveugle est obtenue grâce à une hiérarchie bureaucratique bien huilée, qui réduit la responsabilité de chacun à presque rien et qui laisse seulement la tâche finale, la violence directe qui mène au meurtre, à des tueurs.

La deuxième mise en scène est le film-documentaire Le Jeu de la mort, réalisé en 2009 par Thomas Bornot, Gilles Amado et Alain-Michel Blanc. Le documentaire reproduit l’expérience de Milgram sous la forme d’un faux jeu télévisé, dans lequel on fait croire aux candidates et candidats, là encore, que ce sont de vraies décharges électriques qui sont administrées à l’acteur. Le scientifique est remplacé par une présentatrice télé, qui donne l’ordre de continuer tout en affirmant que la production prend toute la responsabilité des conséquences du jeu. Ainsi, le documentaire interroge ce que des individus seraient capables de faire pour la télévision, plutôt que ce qu’ils seraient capables de faire au nom de l’avancement de la recherche en psychologie comme dans l’expérience originelle.

Les premières minutes du documentaire ne sont pas très intéressantes, a priori il est plus efficace de montrer le film entre 4min25 et 37min, pour sauter la mauvaise introduction et couper avant les explications scientifiques de Jean-Léon Beauvois. Cet extrait montre en fait le comportement des candidates et candidats devant administrer les décharges. Une discussion avec les élèves peut être organisée à sa suite, pour en faire l’analyse, en montrer l’intérêt mais aussi les limites.

  Les critiques de l’expérience

L’expérience de Milgram semble parfaitement convaincante et incontestée. Elle est devenue l’une des plus célèbres expériences de psychologie sociale, plusieurs fois reproduite dans des spectacles audiovisuels comme nous l’avons vu. Pourtant, des psychologues ont depuis entrepris de fouiller les archives de cette expérience, d’écouter les enregistrements, de relire les notes et travaux de Milgram pour vérifier ses dires. Il en est ressorti des critiques parfois radicales, notamment celles de la chercheuse australienne Gina Perry, autrice du livre non traduit en français Behind the Shock Machine : the Untold Story of the Notorious Milgram Psychology Experiments (2012).

Le journaliste Nic Ulmi a résumé les critiques de l’expérience de Milgram et de son interprétation [12].

D’abord, Milgram aurait minimisé le résultat des versions de son expérience dans lesquelles le taux d’obéissance faiblit. Par exemple, ce taux d’obéissance diminue drastiquement lorsque l’« élève » simule des cris, alors que le taux augmente si l’« élève » est silencieux. Ensuite, « de nombreux participants perçaient l’illusion et ne croyaient pas à la réalité des décharges. » Milgram aurait ainsi minimisé l’importance des cas où les moniteurs refusaient de jouer le jeu de l’expérience, qui... faisaient augmenter le taux final d’obéissance. En effet, les moniteurs qui croyaient que tout cela était une mise en scène avaient moins de mal à jouer le jeu. Par contre, dans les versions où peu de moniteurs perçaient à jour la supercherie, le taux d’obéissance diminuait. Cela signifie que plus les gens croyaient en la véracité de l’expérience, moins ils allaient jusqu’au bout, ce qui permet de revoir à la baisse les estimations de Milgram. Sur le plan épistémologique, cela pose problème de vouloir généraliser les résultats d’une telle expérience, surtout du laboratoire vers la société.

Gina Perry reproche au psychologue social d’être un showman et d’avoir mêlé l’expérimentation scientifique et la téléréalité. Comme une prémonition du film Le Jeu de la mort. Elle souligne des manquements importants sur le plan éthique : le fait d’avoir menti sur le but réel de l’expérience et d’avoir assimilé le comportement des obéissants à celui des nazis, a traumatisé des participants. Certains d’entre eux ont adressé des plaintes à la direction de l’université de Yale où a été conduite l’expérience de Milgram. Suite à ces plaintes, l’American Psychological Association a été obligée de modifier le règlement concernant l’expérimentation en 1973. L’association a interdit la souffrance physique ou psychologique, et elle a établi le droit pour le sujet de se retirer d’une expérience sans conditions. Sur le plan éthique, la méthode employée est discutable, en se passant du consentement éclairé du sujet.

Enfin, Gina Perry fait remarquer que Milgram a manqué de regard réflexif sur son propre rôle dans l’expérience : c’est bien le scientifique qui exerce une autorité considérée comme légitime par le sujet, il aurait donc été pertinent d’interroger cette capacité à commettre des (faux) crimes dans le cadre d’une expérimentation, sous le symbole de la blouse blanche... Gina Perry conclut son investigation par l’idée qu’il n’y a précisément pas grand chose à conclure de l’expérience de Milgram, concernant la supposée nature humaine [13].

Il est intéressant de constater pour finir que la critique plus théorique, concernant l’état agentique, atteint également l’image que donne Arendt du nazi Adolf Eichmann. Milgram avait rapproché ses résultats du récit de la philosophe dans Eichmann à Jérusalem, et en retour l’objection qui vise les uns, retombe aussi sur l’autre. Le psychologue australien Alexander Haslam, collègue de Gina Perry, soutient que les sujets de l’expérience de Milgram « ne sont pas des gens qui obéissent comme des robots et qui somnambulent dans la tyrannie : ils agissent parce qu’ils ont pris une décision, et ils sont activement engagés dans le processus »... tout comme Eichmann. En bref, le défaut du concept d’état agentique, est de postuler qu’il serait possible d’agir sans conscience, en mettant de côté notre pouvoir de juger du bien et du mal comme le dit Arendt, à cause de l’identification fusionnelle avec une autorité supérieure.

Au contraire, il faudrait considérer qu’un sujet ne peut pas agir sans prendre au minimum une décision consciente et interpréter l’ordre qui lui est donné. En ce sens, le sujet ne peut nier sa responsabilité et son autonomie, même en s’illusionnant : il s’agirait plutôt de mauvaise foi pour reprendre une idée de Sartre [14], ou alors de manipulation malhonnête comme pour Eichmann, qui dans le contexte de son procès veut se dédouaner des crimes qu’il a commis. L’obéissance n’est jamais strictement automatique, comme le dit la professeure de philosophie Isabelle Delpla dans sa critique du récit d’Arendt concernant le procès d’Eichmann [15]. En effet, suivre une règle admet toujours des différences dans l’interprétation de cette règle, et mène à des actes potentiellement différents. Il n’y a donc pas de déterminisme causal linéaire dans le fait d’obéir. Ce qui renforce cette idée, c’est un fait que Milgram avait lui-même noté : la lutte, le conflit intérieur et le stress qu’éprouvent les moniteurs de son expérience sont les témoins d’une conscience à l’œuvre.

  Conclusion

L’expérience de Milgram est un bon thème à aborder en cours, pour questionner la liberté et les limites de l’humain face à l’autorité et pour faire un lien avec le cours d’histoire que suivent les élèves de Terminale. Il est également pertinent de critiquer l’expérience de Milgram sous les angles de l’épistémologie et de l’éthique de l’expérimentation en psychologie sociale. C’est, au final, un support intéressant pour aborder la science par une expérience concrète qui interpelle les élèves.

Le vulgarisateur et physicien de formation David Louapre, dans une vidéo consacrée à l’expérience de Milgram sur sa chaîne Science Étonnante, affirme qu’un certain consensus semble avoir émergé chez les chercheurs en psychologie à propos de l’expérience : elle serait tout de même valide scientifiquement, mais il ne faudrait pas l’interpréter trop largement, elle est insuffisante pour expliquer un génocide.

  Ressources audiovisuelles

  Bibliographie

Notes

[1Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Paris, Pluriel, 2017, 311 p. En langue originale, Obedience to Authority, 1974.

[2Stanley Milgram, Soumission à l’autorité. Un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy, 1994, p. 19.

[3Nicolas Guéguen, « Stanley Milgram (1933-1984). La soumission à l’autorité », Sciences humaines, Hors-série n°7, septembre-octobre 2008.

[4Stanley Milgram, Soumission à l’autorité. Un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy, 1994, p. 20-21.

[5Sigmund Freud, Le Malaise dans la culture, Paris, P.U.F., 1981, p. 64 : « L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité. ». Voir aussi le texte donné au bac spécialité HLP le 10 septembre 2021 : « L’existence de cette agressivité que nous pouvons éprouver en nous-mêmes et supposons à bon droit chez autrui, tel est l’élément qui perturbe nos rapports avec notre prochain et contraint la civilisation à tout ce qu’elle met en œuvre. »

[6Stanley Milgram, Soumission à l’autorité. Un point de vue expérimental, Paris, Calmann-Lévy, 1994, p. 95. Lire des passages choisis du livre de Milgram.

[7Nicolas Guéguen, « Stanley Milgram (1933-1984). La soumission à l’autorité », Sciences humaines, Hors-série n°7, septembre-octobre 2008.

[8Les lois du pays supplantent donc la raison morale législatrice de Kant.

[9L’expression est de Hans Frank, ministre du IIIe Reich.

[10Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2002, p. 257-258.

[11Hannah Arendt, Le Système totalitaire, Paris, Seuil, 2002, p. 67, note 38.

[12Les critiques de Gina Perry, ainsi que l’expérience de Milgram, sont également bien résumées dans une vidéo de la chaîne Science Étonnante : L’expérience interdite : Milgram et la soumission à l’autorité, qui peut être montrée aux élèves par exemple.

[13Nic Ulmi, « L’art de l’électrochoc : les mensonges de l’« expérience de Milgram » », Le Temps, 14 octobre 2014, modifié le 3 avril 2017, consulté le 22 mars 2023.

[14Cf. Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 1996, p. 34, pour une présentation succincte de la mauvaise foi.

[15Isabelle Delpla, « La banalité d’Eichmann : une moderne théodicée », Raison publique, 1er mai 2021, note 41 : « De même, les analyses de Wittgenstein montrent que suivre une règle et obéir à une consigne, même la plus simple, appelle des interprétations de la règle. Elles sont bien plus proches de la pratique de l’obéissance aux ordres qui s’accompagne d’une marge de réinterprétation. Hilberg soulignait déjà l’écart entre argument et pratique d’une telle obéissance. Même pour suivre un ordre donné la veille ou quelques mois avant, les exécuteurs ordinaires de Browning manifestent des différences significatives dans leur interprétation de ces ordres et dans leurs actions, même si l’ensemble peut être décrit sous la rubrique d’obéissance ou de non-désobéissance aux ordres. Par contraste, l’Eichmann d’Arendt suit des rails d’obéissance bien plus automatiquement que l’on ne suit une règle en mathématique et en logique selon Wittgenstein. Une détermination par la règle ou le serment de fidélité à Hitler telle qu’elle ait conduit Eichmann aussi précisément et automatiquement n’a guère de plausibilité historique, psychologique, ni même logique. »

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