Évaluer les travaux des élèves (pendant l'année et à l'examen) - Philosophie - Espace pédagogique académique

Évaluer les travaux des élèves (pendant l’année et à l’examen)

, par Franck Lelièvre - I.A. I.P.R., Frédéric Blondeau - Format PDF Enregistrer au format PDF

 Distinguer la note et l’évaluation

La note classe, tandis que l’évaluation indique une dynamique et des axes de progrès : une « valeur » et non une « place ». C’est la distinction entre la conformité d’un objet manufacturé (« poïesis ») et la direction d’un processus (« praxis »). La direction permet une reprise et une visée. Utilité de se concentrer sur un objectif qui devra être réalisé : par exemple une argumentation qui devra être remise dans le bon ordre, une construction, dictée d’un texte à compléter avec les termes fournis par ailleurs.

Voici des « dictées philosophiques » à télécharger :

Dictées philosophiques
Agnès Chanteur

 Expliciter ce qui donne sa valeur au travail de l’élève : la question des compétences

La question de l’évaluation, celle de la valeur, est structurante pour notre enseignement. Elle permet de fixer, pour les élèves, un horizon d’attente qui ordonne leur travail. Pour les professeurs, elle détermine les compétences attendues et les moyens pour les faire acquérir.

La notion de compétence a mauvaise presse chez les professeurs de philosophie parce qu’elle tend à laisser penser que l’on pourrait produire et mesurer une qualité qui relève en réalité de la mise en oeuvre de « la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison ». Mais précisément, cette capacité, comme la morale, s’apprend par la pratique. Elle suppose une méthode, un chemin, des procédés, un programme : des exercices concrets et typés pour s’exercer, progresser et, finalement, être évalués.

Pour l’élève, l’explicitation des compétences qui sont attendues est un point capital. En effet, dans notre tradition, les deux acquisitions qui lui sont associées, les connaissances et la culture sont laissées à l’appréciation du professeur. Certes, il n’y a pas de philosophie sans connaissances et, particulièrement, sans connaissance de l’histoire de la philosophie, mais cela reste difficile à expliciter. La liste des auteurs au programme, sans cesse en extension, déjoue, pour des professeurs et encore plus pour leurs élèves, toute espérance de maîtrise.

Il est donc capital, en termes d’accès à l’autonomie, que l’élève puisse comprendre et apprendre ce qu’il doit savoir faire et exercer s’il veut réussir et progresser. Cela peut se formuler de manière analytique et gagne naturellement à être indiqué aux élèves :

 analyser les termes et s’efforcer de définir et de former des concepts (c’est-à-dire des « représentations générales »).

 être capable d’identifier et de poser un problème, savoir repérer une tension, une contradiction à résoudre. A minima, saisir les termes d’un débat au cœur d’une question posée.

 savoir identifier et formuler une thèse, tenir une position dans un débat. Puis : ses présupposés, ses conséquences et ses faiblesses.

 être capable d’argumenter et de justifier ses affirmations.

 savoir organiser son propos et l’ordonner selon un plan, suivre un fil et ne pas le perdre.

Pour aller plus loin, l’on pourra valoriser aussi :

 sa capacités à mobiliser et à développer un ou plusieurs exemples pour bien réfléchir.

 sa capacité de mobiliser sa culture qu’elle soit scolaire, personnelle et aussi philosophique.

En termes de capacités oratoires et de mise en forme, on pourra se reporter aux pages qui portent sur la forme de la dissertation, celle de l’explication de texte ; et à l’intérieur de ces modes, sur l’organisation de la pensée (introduction, analyse, exégèse, problématisation, argumentation).

 Varier les formes

  • Travail par groupes et entre pairs avec « fiche de correction » comportant une grille commune.
  • Utilité d’un détour par des exercices : travail sur des concepts, recherche d’exemples, formulation d’un argument ou d’une objection, recherche d’une tension ou d’une contradiction.
  • « Cercle d’auteurs » : choix de textes exposant une thèse, distribué entre des groupes différents. Exemple d’une explication d’un texte : pendant 2 heures, un travail par groupes sur un texte avec présentation à la classe de sa thèse et de ses arguments. Puis, devoir sur table pendant 2 heures en choisissant l’un des textes.
  • Varier les formes : demander de rédiger un essai ou de le présenter à l’oral : un compte-rendu de lecture ou d’un film, une proposition de réponse à une question. Cependant la difficulté reste toujours celle du passage d’un exercice parcellaire à la conduite de l’exercice complet, de l’exercice d’une compétence spécifique avec sa mise en œuvre plus globale en coordination avec d’autres compétences.
  • Proposer des compétences à mettre en œuvre.

Voici des exemples d’exercices à proposer aux élèves :

Exercices pour structurer la réflexion
Présentation d’exemples d’exercices par Frédéric Chanu
Frédéric Chanu

 Évaluer à l’examen

Les principes rappelés précédemment sont constitutifs de notre pratique et de la manière dont nous avons été formés. Cependant, idéalisés, ils peuvent faire obstacle à une évaluation qui autorise la progression des élèves.

Force est de constater, notamment au moment de la correction du baccalauréat, qu’existe un écart quelquefois abyssal entre ces principes et la réalité de la moyenne des copies de séries technologiques. Il faut donc rappeler des difficultés d’écriture et de composition souvent anciennes, mais aussi assez peu de pratique de la lecture et de l’interprétation des textes, un formalisme trop rigide leur est défavorable.

Outre cette fragilité initiale, il faut rappeler qu’une année de terminale pour un élève de série technologique consiste à examiner 7 notions à partir de 3 perspectives en un temps de formation officiel 72h qui dépasse rarement les 66 heures effectives.

Aussi nos attentes ne peuvent être que modestes mais si l’on consent à se défaire de l’attente d’un idéal et de tout mépris, c’est pourquoi, pour conclure on pourra valoriser :

  Un candidat, qui essaie, indépendamment de ses difficultés, de faire de la philosophie et on le distinguera d’un ou d’une candidate qui renonce ou qui fait semblant.

  L’engagement dans la question et dans le travail de réflexion qui, même maladroit, met en œuvre sa culture et sa formation même à titre de traces.
  Les compétences techniques précitées parce qu’elles démontrent une tentative et qui peuvent être distinguées : le sujet est-il analysé ? Les concepts qu’il implique sont-ils identifiés et définis ? Un problème est-il identifié et construit ? Un plan mettant en débat ou en contradiction au moins deux thèses est-il proposé ? Le présupposé de chaque thèse, ses conséquences et ses limites sont-elles mises en évidence ? Le propos est-il argumenté et justifié etc…

Cette page est le fruit de nos échanges, avec remerciements particuliers à Olivier Chiche.

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