Préparer l’examen - Philosophie - Espace pédagogique académique

Préparer l’examen

, par Franck Lelièvre - I.A. I.P.R., Frédéric Blondeau - Format PDF Enregistrer au format PDF

« Les apprentissages reposent sur deux formes majeures de composition : l’explication de texte et la dissertation ». C’est la partie la plus importante et la plus difficile du travail de l’enseignant.
Ce sont des formes fortement cadrées dont les formes restent implicites et complexes. De plus, le travail d’écriture suppose une bonne maîtrise de l’expression.

 Apprendre à composer une dissertation

Un exemple d’organisation de l’apprentissage par J. Douard :

  • L’objectif est intégré dès le cours d’accueil.
  • Subordonné à des consignes claires et impératives de rédaction et de composition.
  • Accompagné par un travail sur les opérateurs logiques et argumentatifs élémentaires. Il est accompagné d’exercices donnant lieu à des interrogations.
  • Le professeur rédige des exemples qui servent de modèle d’application des consignes : introduction, plans, dissertation entièrement rédigée. Le même sujet peut servir pour expliciter les différentes phases.

 Débuter

Premier cours de l’année : présentation

Prise de contact et présentation : ce qu’ils peuvent attendre de moi : je suis là pour les aider à progresser, je suis à leur service / ce que j’attends d’eux : ouverture, politesse mais droit de me réfuter, curiosité, bienveillance les uns envers les autres, pas de mauvaise foi.

Deuxième cours : fiches de renseignement

2021-2021 : Renseignements sur l’année passée (matières préférées, notes en français, points forts, points faibles).
2022-2023 : Projets (études, métiers).
Année en cours :

  • horaires de réveil, temps de trajets, activités extra-scolaires.
  • éléments particuliers à communiquer (on peut tout mettre ou rien).
  • 5 adjectifs pour se décrire.
  • musiques, lectures, films, séries appréciés.
  • une série de 10 questions (entre 2 et 5 lignes attendues). Ils en choisissent une pour la quelle ils rédigent une courte réponse : Suis-je libre de venir en cours ? Ne faut-il croire que ce que l’on voit ? Le pouvoir a-t-il toujours raison ? Ne rien faire, est-ce une vie de rêve ? A-t-on toujours tort de mentir ? Qu’est-ce qui m’étonne ? Peut-on tout acheter ?
  • Des questions subsidiaires : qu’est-ce qu’un lieu commun ? Un préjugé ? Un jugement de valeur ? Un présupposé ? Définition / exemple.

Leur cahier : c’est une « œuvre d’art » : insistance sur le soin à y apporter et ce que l’on y mettra et comment. Les élèves ont particulièrement besoin d’être aidés et assistés.

Troisième cours : le programme

On note le programme dans le cahier. Proposition d’un jeu : se souvenir des questions de la fiche. Quand on en trouve une, on l’écrit au tableau, on examine son rapport avec le programme, on se demande son sens et si elle pourrait être un sujet de dissertation ou pas. Je lis de façon anonyme certaines réponses, significatives, rigolotes, ou originales. Procédé qui permet de balayer le programme après qu’ils se sont questionnés dessus de façon individuelle et qu’ils sont plus impliqués.

Quatrième cours : la frise

On colle la frise de tous les philosophes au programme dans le cahier et je leur demande de l’examiner et de réagir. Toutes les remarques sont les bienvenues et toutes permettent de réagir et d’apporter des éléments de connaissances, mêmes les plus saugrenues : par ex : il n’y a pas de filles ou quasi pas, ils sont tous moches, ils sont tous morts...

 Éléments de la dissertation à travailler

Les opérateurs logiques et argumentatifs

Examen des différents types de jugements (préjugés, hypothèses, présupposés), explicitation des termes tels que : objectif /subjectif, induction/déduction, syllogisme/paralogisme, lieux communs.
Appropriation par questionnaire et interrogations écrites.

Exercices logiques
Julie Douard

La rédaction d’une dissertation

À partir d’une question proposée dès le premier cours : ex. « faut-il chercher la vérité à tout prix ? ». Le professeur en rédige deux exemples distribués aux élèves.

Faut-il chercher la vérité à tout prix ?
Julie Douard

Consignes pour l’introduction

1. préciser pourquoi la question se pose. Première partie qui se clôt par sa formulation exacte.
2. introduire le plan au moyen d’une mise en problème du sujet qui vient d’être posé.
3. Mise en évidence les trois axes de recherche qui seront les 3 parties du plan.

Consignes pour la rédaction

Interdiction d’expressions comme : moi je, je pense que, dans une première partie, dans une deuxième partie, dans une troisième partie, ensuite, et après
Rédaction de l’introduction, on peut utiliser les expressions suivantes : pour le premier axe : De prime abord / Au premier abord / En premier lieu / Premièrement / A priori / A première vue... Second axe : Néanmoins / Toutefois / Pourtant / En revanche / Cependant / A contrario. 3ème axe (Réponse finale) : Cela étant / Finalement / Enfin / En dernière analyse...

L’invention d’un sujet, la problématisation et la recherche des idées

  • Reconnaître un sujet philosophique parmi des questions qui n’en sont pas, en inventer, en composer un avec les élèves durant une heure.
  • Identifier le présupposé d’un sujet et ordonner trois parties. Première partie : part du présupposé, l’explique, le justifie. Deuxième partie : répond non à la question. Troisième partie : critique le présupposé.

 Exemples travaillés en classe et notés

Exercices sur les présupposés
Julie Douard

Exemple 1 : Suffit-il d’être libre pour être heureux ?

I La liberté est une condition essentielle du bonheur, être libre rend heureux.
II Il ne suffit pas d’être libre pour être heureux. Il faut bien d’autres choses en plus comme la santé, l’amour, des conditions favorables d’existence, savoir se satisfaire de peu...
III La liberté peut ne pas rendre heureux, elle est une source d’angoisse, de vertige, elle fait peur, on peut chercher à la fuir et lui préférer le confort et la sécurité.

Exemple 2 : Une œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

I La beauté est la caractéristique essentielle de l’œuvre d’art.
II Une œuvre d’art peut se distinguer autrement que par sa beauté, elle peut être originale, déstabilisante, révolutionnaire...
III La beauté n’est de de toute façon pas dans l’œuvre elle-même mais dans le regard du spectateur. C’est une question d’interprétation et de culture, d’éducation de celui qui reçoit l’œuvre.

Exemple 3 : Sommes-nous condamnés à rester prisonniers de nos opinions ?

I On est sous l’emprise de nos opinions car on est conditionnés et que nous ne remettons pas en question des opinions qui viennent de l’enfance, de l’entourage, de la culture dans laquelle nous baignons.
II On n’est pas condamnés à rester prisonniers puisqu’on peut se libérer de ces opinions en cheminant vers la vérité, en rejetant ce qui est faux...
III Dans certains domaines, le vrai universel et démontrable, n’est pas atteignable et l’on reste dans le débat d’opinion mais, à défaut de quitter une opinion pour une vérité, on peut se délester d’une opinion pour une autre certes, mais qui soit plus efficace, plus éthique, moins dangereuse, voire moins nauséabonde.

Exemple 4 : L’homme n’est-il qu’un animal ?

I l’homme est un animal (présupposé du sujet)
II L’homme n’est pas qu’un animal, il est doté de facultés propres.
III L’homme doit apprendre à s’humaniser (rôle de la culture, de l’éducation...).

Rédaction Julie Douard.

 Ressources

Suite.

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